Semaine du 27 septembre au 3 octobre 2009 Captieux - Ostabat 178 km

Publié le par Frère Alain 59

            Dimanche 27 septembre

            Captieux - Roquefort des Landes 34 km
 

C’est dans le brouillard que je retrouve l’ancienne voie ferrée à la sortie du village. A 5 kilomètres du départ, un arbre barre le sentier qui est dévié par l’ancienne route nationale.

 

Heureusement, de larges pistes cyclables sont aménageés sur les bas-côtés que je peux emprunter pendant 6 kilomètres… sans voir le moindre vélo ! On ne peut pas dire de même pour les voitures : c’est le retour de nombreux vacanciers de l’Ouest et de la région parisienne qui étaient en villégiature sur les côte basque et landaise.

 

Je peux toutefois marcher rapidement sans ressentir trop la fatigue. Peu après avoir retrouvé l’ancienne voie ferrée, le sentier la quitte et sort de la forêt pour suivre une petite route en lisière qui cotoie d’immenses champs de maïs avec, de ci de là quelques hameaux  et des élevages avicoles.

 

Arrivé à mon hôtel à 16h45, le repas n’étant servi qu’à 19h30, j’ai le temps de visiter le village, son église et la chapelle saint Jacques. A la terrasse d’un café, je retrouve Andreas avec qui je bois une bière. Il est descendu au gîte municipal situé derrière l’église dans un bâtiment ancien très bien restauré.

 

Il me fait une réflexion que je fais mienne et que je me répèterai au long du parcours :

- lorsque l’on part sur le Chemin, c’est pour réfléchir sur des sujets importants …

- après des semaines passées à marcher, on s’aperçoit que nos réfexions se cantonnent le plus souvent dans des domaines plus triviaux : manger, boire, dormir et soulager nos petites misères (pieds,etc…)





            Lundi 28 septembre

            Roquefort des Landes - Mont de Marsan 30 km
 

Je retrouve Andreas à l’ouverture de l’épicerie ; il est indispensable de se munir dès le départ de notre repas de midi car le parcours ne comporte pas de point de ravitaillement.

 

Nous cheminons de concert jusqu’à la sortie du bourg. Andreas prend rapidement le large tout comme ce fut le cas pour Jooris tandis que je poursuis à mon rythme. Rapidement, je retrouve la forêt (dont il ne reste rien par endroits) en alternance avec les champs de maïs.

 

A la mi-journée, après la traversée de Bougue, c’est une piste cyclable goudronnée qui remplace l’ancienne voie ferrée. Heureusement, nous sommes en semaine et il n’y a trop de vélos arrivant par derrière sans bruit (vive la bonne vieille sonnette qui équipait nos anciens vélos).

 

Du bruit il y en a cependant car la base aérienne de Mont de Marsan toute proche est très active !

 

Après ce parcours de près de 30 kilomètres, je suis heureux d’arriver en centre ville après moins d’un kilomètre dans la circulation urbaine. Le gîte municipal comporte trois chambres indépendantes mais l’équipement de cuisine est rudimentaire.

 

Je retrouve Andreas très éprouvé comme moi par la chaleur et la monotonie du parcours. Il compte néanmoins relier Hagetmau demain.

 

Nous sommes rejoints par Jean-Luc avocat français expatrié en Australie qui voyage à vélo. Il garde le contact avec ses collaborateurs via Internet. En début de soirée un pèlerin allemand se présente ; il est de retour de Compostelle et compte rentrer à pied chez lui !

 




            Mardi 29 septembre

            Mont de Marsan - Saint Sever 22 km


Après 3 kilomètres le long d’un axe routier important le chemin emprunte des routes secondaires. Le brouillard m’oblige à une grande prudence et masque le paysage.

 

A peine arrivé en forêt l’itinéraire est de nouveau dévié pour éviter un couloir large de 200 à 300 mètres sur lequel plus aucun arbre n’est debout. Je rejoins donc la route pour atteindre Benquet, seul village traversé de la journée. Après le village, le parcours se poursuit au milieu des champs, puis un peu en forêt.

 

Arrivé à Saint Sever, il faut monter la côte de Brille particulièrement pentue pour atteindre le centre.Je me rends à l’office de tourisme qui détient la clé du gîte municipal. Celui-ci est situé dans l’ancien couvent des jacobins. J'apprendrai le lendemain que Jooris s'est présenté ce même jour en fin d'après-midi au gîte municipal et a trouvé porte close. J'étais probablement présent mais n'ai rien entendu, la chambre étant à l'étage et à l'autre exrémité du bâtiment. Il s'est rabattu sur le camping. 

 

Comme dans d’autres villes, le Chemin y est balisé par des coquilles de bronze chevillées dans le trottoir. Je dispose de l’après-midi pour visiter la ville et son abbatiale romane.

 

Photo0063 Coquille de bronze balisant le chemin en ville

La cuisine du gîte étant rudimentaire, je dîne dans le patio d’une pizzeria. L’occupant d’une autre table attire l’attention par une attitude un peu bizarre. Il engage une conversation dénotant une culture classique très riche (Montaigne, etc…). Il se dit artiste et regrette d’avoir abandonné la musique pour la peinture pendant des années ; aussi revient-il à la guitare.

 

J’ai beaucoup de difficultés à prendre congé de ce convive en mal de compagnie.

 

 




            Mercredi 30 septembre

            Saint Sever - Hagetmau 18 km
 

Etape de transition dans une campagne où la récolte du maïs bat sont plein. Le relief commence à être plus vallonné et riant malgré un  ciel couvert.

 

Arrivé à midi à Hagetmau, je vais à l’office de tourisme afin de voir s’il est possible de trouver un hébergement au-delà de la ville. Je ne trouve qu’une chambre d’hôtes à la sortie de l’agglomération.

 

Alors que je suis installé sur un banc pour manger mon sandwich, je suis rejoint par Jooris armé d’un énorme bâton. Il s’est fait attaquer ce matin par trois chiens et a été mordu sans que personne n’intervienne. Il va passer la nuit au camping dans un dortoir de toile.

 

Pour ma part, je profite de cet après-midi pour faire une grande lessive et des courses. Lorsque j’en reviens, deux couples de pèlerins cyclistes (anglais et hollandais) sont installés sur la terrasse. Ils sont médecins en activité ou en retraite. Ils sont partis de Vézelay et vont jusque Saint Jean Pied de Port ; l’année dernière, ils étaient partis du Puy pour le même but.

 

  



           Jeudi 1er octobre

           Hagetmau - Orthez 27 km
 

Le ciel est plombé ce matin, lorsque je quitte mon hôtesse après être passé à la boulangerie. L’itinéraire alterne routes secondaires et sentiers de terre dans un pays vallonné offrant des paysages variés et agréables.

 

En fin de matinée, alors que je viens de franchir la limite du département des Pyrénées Atlantiques,il commence à pleuvoir légèrement d’abord, puis de façon soutenue. A Sault de Navailles, je m’installe à l'abri sous le porche de l’église pour sortir baguette et saucisson.

 

Après une accalmie de courte durée, je reprends la marche en bordure d’une route à grande circulation sous un véritable déluge. A ma vue, cinq semi-remorques se déportent sur la voie de gauche (au-delà de la ligne continue) pour m’éviter des projections de boue.

 

Heureusement, la pluie cesse après une demi-heure ; à mon arrivée à Orthez (15h15), mes vêtements ont eu le temps de sécher.

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                    Ultreïa je suis bien sur la voie de Vézealay                                             Orthez : la tour Moncade

En entrant dans la ville, je peux admirer la tour Moncade avant de me rendre à l’office de tourisme demander la clé de l’ "hôtel de la lune", nom donné au gîte pèlerin.

 

Jooris me rejoint dans l’après-midi. Plus tard, c’est Yves qui arrive à vélo. Ce médecin retraité de Brive a 68 ans et compte s’arrêter demain à Saint Jean Pied de Port.

 



            Vendredi 2 octobre

            Orthez - Sauveterre de Béarn 21 km
 

C’est par le Pont Vieux sur le Gave de Pau que je quitte Orthez. Je n’ai pas attendu Jooris qui ne devrait pas tarder à me dépasser.

Sans doute distrait, je manque la bifurcation qui doit me conduire à Sainte Suzanne par une petite route . Lorsque je constate mon erreur, je décide de rester sur la D23 qui rejoint l’itinéraire balisé rejoint plus loin… J’ai loupé Ste Suzanne, mais j'ai gagné involontairement 2 kilomètres.

 

Après l’Hôpital d’Orion niché dans un vallon profond le sentier monte à travers bois et prés. Alors que je fais la pause de midi je suis dépassé par Jooris avec lequel j'échange quelsques mots.

 


A deux kilomètres de l'arrivée, la chapelle de Sunarthe Photo0069
est à mi-chemin entre Vézelay et Santiago.


Peu après, j’arrive en vue de Sauveterre de Béarn; j'admire l’église Saint André et la tour Monréal sur les remparts, le pont de Légende sur le Gave d’Oloron.

 
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                                                                                Sauveterre de Béarn


Je sympathise vite avec le jeune couple qui me reçoit en chambre d’hôtes : madame est originaire d’Alsace, son mari d’Armentières dans le Nord.

 




            Samedi 3 octobre

            Sauveterre de Béarn - Ostabat 27 km
 

Le rafraîchissement sensible que j’ai constaté hier soir se confirme ce matin d’autant plus qu’il y a du brouillard. Si je n’étais pas déjà échauffé, je le serais par la montée à travers bois qui m’attend après Osserain Rivareyte. Au sommet se trouve la stèle commémorant la rencontre de deux rois qui se partagèrent le Béarn et la Navarre en 1462.

 

Sur l’ancienne voie ferrée peu avant Saint Palais, je suis dépassé par un jeune pèlerin parti de Vézelay et qui a repris le chemin hier après une pause d’un mois mise à profit pour participer aux vendanges.

 

Après la ville où j’ai mangé sur un banc public, l’itinéraire suit une départementale jusqu’au hameau de Gibraltar où les voies du Puy en Velay et de Tours rejoignent celle de Vézelay. De là, une côte redoutée des pèlerins mène à la chapelle de Soyarce.


Alors que je suis à la recherche du gîte pèlerin municipal d’Ostabat, je reçois un appel d’Odile ; elle évoque un reportage télé à propos du train pitoresque qui assure le retour des pèlerins de Santiago à Hendaye… Je n’en suis pas encore là.

 

Je reprends ma recherche lorsque je rencontre deux pèlerins qui se querellent. Michel très fatigué et souffrant des pieds refuse d’aller plus loin. François m’informe que le gîte municipal est déjà complet (il n’a que 9 places) alors qu’il est à peine 16 heures.

 

Je reprends le chemin avec lui à la recherche de la chambre d’hôtes paysanne « Gainako-Etxea » où Michel nous rejoindra s’il est possible d’y loger. Nous y sommes accueillis par Lucie qui tient avec son mari Bernard et leur fille cet établissement ultra moderne où ils peuvent loger 40 pèlerins.

 

Bernard assure l’animation du repas avec des chants basques qu’il interprète de sa voix puissante avec brio et nous demande de reprendre en chœur. Il réussit le tour de force de faire chanter en basque les allemands présents ce soir !


Photo0074 A la chambre d'hôtes Bernard anime le dîner

Nous sommes 30 à  table pour goûter le boudin basque et autres spécialités.

Publié dans Pèlerins du monde

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Commenter cet article
M
<br /> Vendredi 2, tu sympathises vite avec le jeune couple qui te reçois en chambre d’hôtes, mais c'est bien normal, les couples nordistes-alsaciens, en général, cela fonctionne bien. ... On approche<br /> bientôt de l'Espagne.<br /> <br /> <br />
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