Semaine du 4 au 10 octobre Ostabat - Los Arcos 158 km

Publié le par Frère Alain 59

            Dimanche 4 octobre

            Ostabat - St Jean Pied de Port 21 km


Ce matin nous formons un groupe de trois marcheurs. François avait commencé l'an dernier le chemin du Puy avec un groupe d’amis. Il a été contraint d’arrêter à Pau, victime d’une attaque de punaises de lit dont il porte encore les marques. Son ami Michel a accepté de l’accompagner cette année.

 

Les pèlerins se sont de plus en plus nombreux sur le chemin ce matin. Parmi eux, je revois Jooris qui a passé la nuit au gîte municipal d'Ostabat.

 

Dans la matinée, Michel ralentit la marche. Il souffre des séquelles d’un accident de voiture il y a de celà trente ans et il n’a pas le moral. Après avoir tergiversé, il décide d’arrêter à Saint Jean Pied de Port et finit l’étape en stop.

 

Nous entrons dans la ville en compagnie d’un groupe de canadiens.

 
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                                            A l'entrée de Saint Jean Pied de Port Alain (à g.) et François (à d.)

A l’accueil Saint Jacques, trois bénévoles apportent aux pèlerins tous les renseignements utiles pour le parcours en Espagne. Sur leur conseil, je réserve nos 2 demi-pensions au refuge d’Orisson.

 

Ce soir, nous logeons dans un refuge privé sympathique malgré des équipements sanitaires en trop petit nombre. Ce dimanche, la ville est animée : une compagnie de danseurs se produit en divers endroits sur des thèmes à chaque fois différents.

 




            Lundi 5 octobre

            St Jean Pied de Port - Orisson 9 km
 

Après le petit déjeuner, nous accompagnons Michel à la gare ; son train est à 9h45.

 

Nous procédons ensuite à notre ravitaillement avant de prendre le chemin qui monte assez fortement dès la sortie de la ville. Nous sommes cependant heureux de bénéficier de bonnes conditions météo.

 
Photo0078  St Jean Pied de Port vue d'Orisson


Nous sommes presque surpris d’arriver au refuge ; il est 12h30 et nous commandons une garbure après nous être installés sur la terrasse.

 

François qui a mis du mercurochrome sur une piqûre qu’il a au bras depuis deux jours est repéré par Amar le tenancier du refuge. C’est un ancien médecin militaire et il entreprend d’extirper les deux dards de l’araignée avant de soigner la plaie.

 

Nous pouvons ensuite nous installer  dans une chambre déjà occupée par un suisse parti de Saint Gaal. Il est très fatigué malgré deux jours de repos pris à Saint Jean et dort. En fin de journée, José qui est mexicain occupera le quatrième lit.

 

Au cours du dîner, nous ferons connaissance des autres pèlerins arrivés plus tard : une famille américaine et un groupe d’irlandaises.





            Mardi 6 octobre

            Orisson - Espinal 19 km 


Le vent s’est renforcé cette nuit. Nous évoluons à présent dans un paysage de haute montagne.

Après la vierge d’Orisson, la croix nous indique la direction de Compostelle : tout droit…

Facile à dire, mais les bourrasques transversales nous écartent parfois du droit chemin.

Après une montée raide dans les alpages, sur l’autre versant, un goulet mène à la fontaine de Roland. Nous sommes en Espagne. Des jalons numérotés hauts de 2m50 balisent le chemin qui descend un moment dans une forêt de hêtres.

 

Il faut remonter jusqu’au col de Lepoeder (1430 m) avant la descente rapide (25%) vers Roncevalles.

Il n’est même pas 13h et nous avons prévu de faire étape à Burguete dont nous prenons la direction sans nous attarder à Roncevaux.

 

Le village de Burguete semble endormi dans la torpeur de ce début d’après-midi. Après avoir tourné à la recherche d'un hébergement, nous repartons jusque Espinal ou nous partageons une chambre à 2 lits dans un casa rural luxueux.

 

Le soir nous dînons dans le petit hostal du village dont le bar enfumé est plein à l’heure de l’apéritif. Pour la première fois, nous découvrons le menu pèlerin proposé par nombre d'établissement espagnols.






            Mercredi 7 octobre

            Espinal - Trinidad de Arre
 

Moins d’un quart d’heure après notre départ, nous passons nos capes de pluie mais l’ondée cesse rapidement pour reprendre de façon sporadique jusqu’en fin de matinée.

 

Passé Lintzoaïn le chemin montant l’Alto de Erro est raide à travers les pins. Dans la descente vers Zubiri, nous croisons un espagnol qui l’escalade en petite foulée. Nous n’entrons pas dans le village et poursuivons en longeant un énorme complexe industriel puis ses carrières de magnésite. Le vent y soulève des nuages de poussière.

 

Le parcours conserve un caractère montagnard : montées et descente se succèdent toute la journée. Après Larrasoana, le hameau d’Akerreta est animé par le tournage d’un film américain. Il s’intitulera « The Way » et Sean Penn (que François a reconnu au passage) en est la vedette.

 

La fin du parcours nous parait interminable et nous avons le désagrément de constater qu’il est souvent proche d’une route nationale. Nous ignorons encore que ce n’est qu'un début.

 

Nous arrivons à Trinidad de Arre où nous logeons à l’albergue tenue par les frères maristes. Nous y retrouvons Jooris.


Le soir, aucun restaurant n’est ouvert… mais nous ne connaissons pas encore les habitudes du pays qui aujourd’hui fête la saint Valentin. Nous trouvons notre pitance dans une friterie installée sur la place sur laquelle la fête foraine bat son plein.

 




            Jeudi 8 octobre

            Trinidad de Arre - Eunate


Nous partons sans avoir déjeuné car exceptionnellement (c’est lendemain de fête) il n’est pas servi à l’albergue. Heureusement je trouve une boulangerie en chemin.

 

Après avoir traversé la ville, nous entrons dans Pampelune par la porte de France. Nous passons devant la cathédrale encore fermée puis traversons la ville, étonnés d’y voir tant de petits commerces indépendants.

 

Après un passage à l’université de Navarre où nous faisons tamponner nos crédenciales, nous sortons de la ville et atteignons Cizur Menor à 11h30. Sur le chemin qui monte vers l'Alto del Perdon (770 m), nous croisons nombre d’autochtones. Alors que nous sommes arrêtés pour le pique-nique, une dame âgée nous aborde ; elle parle bien notre langue car elle a vécu longtemps en France.

 

Au sommet, nous découvrons l’étonnante sculture métallique et monument aux pèlerins. Une jeune pèlerine allemande voyage en baskets. La descente sur Uterga est très rapide et caillouteuse et travers des champs d'oliviers. A Muruzäbal, nous quittons le chemin balisé pour prendre la direction de Eunate où se trouve un refuge paroissial qui nous a été recommandé par Hélène et Anne deux pèlerines rencontrées la veille.

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                         La jolie chapelle octogonale d'Eunate





Vendredi 9 octobre

Eunate - Estella 29 km


Sous un ciel lumineux, lavé par la pluie de cette nuit, Jean François se joint à nous au départ de cette étape. Artisan storiste retraité de puis peu à Saint Jean de Luz, il vient de céder son entreprise à son fils  avec lequel il reste en contact téléphonique.

 
A Puente la Reina, nous visitons l’église Saint Jacques, et sortons de la ville par le pont des pèlerins dont la construction a été financée par une reine.

 
Photo0083  Le pont roman de Puente la Reina

Nous arrivons à Cirauqui à l’heure du déjeuner et nous installons sur un banc de la petite place. A côté de nous des espagnols ont installé un gril rotatif dans lequel ils font griller des pimentos (poivrons rouges). Jean François, qui connaît bien les mœurs du pays, ajoute que les autochtones les mangent fourrés avec de la morue. 
Nous sommes invités par nos voisins espagnols à goûter les poivrons tout chauds.

 

A 16h30, à notre arrivée à Estella, l’épouse de Jean François a garé leur voiture à l’entrée de la ville et nous offre du gâteau basque. Je rejoins avec François le gîte paroissial où nous sommes accueillis par un hospitalier bénévole breton.

 

Après nous être douchés et installés dans le dortoir, nous allons en ville. Nous devons retrouver Jean François et sa femme pour manger chez Richard (un ami lui a recommandé ce restaurant). Seul problème : nous n’avons pas l’adresse ni de plan.

 

Après une vaine recherche dans le centre qui s’anime à partir de 18 heures, nous trouvons l'établissement, près des arènes. Comme beaucoup de restaurants espagnols, il n’ouvre qu’à 20h30. Nous attendons au bar en mangeant des tapas avec, en apéritif, du vin rouge de la Rioja. Les gens s’essuient les doigts avec des serviettes en papier qu’ils jettent après usage devant le bar; le sol en est jonché.

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Après ce repas gastronomique, qui aurait coûté le double chez nous, nos amis nous ramènent en voiture au refuge avant de rejoindre leur hôtel.

 




            Samedi 10 octobre

            Estella - Los Arcos 22 km
 

Je quitte Estella accompagné de François par temps frais et couvert. Nous arrivons rapidement au monastère d’Irache bien connu des pèlerins pour sa fontaine distribuant à volonté de l’eau (robinet gauche)… et du vin. (robinet droit). Je le goûte avec modération car il n’est que 9 heures et nous avons encore du chemin ; j'en colore le contenu de ma gourde tandis que François vide l'eau de sa poche de 2L pour la remplir de vin.

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Le rendez-vous avec Jean-François était à cet endroit, mais il ne s’y trouve pas. Après l'avoir attendu vainement et l'avoir recherché alentour, nous repartons sans lui. Jusque Villamayor de Monjardin, le chemin monte régulièrement dans les vignes pour descendre ensuite jusque Los Arcos.

 

L’albergue municipale est tenue par les Amis de St Jacques des Flandres. Ce soir elle fera le plein de ses 72 places ou peut s’en faut. Ce week-end est en effet particulier : lundi 12 octobre c’est la fête nationale espagnole. Mettant à profit ces trois jours de congés, beaucoup d’espagnols marchent sur le camino.

 

En fin d’après midi, nous croisons en ville Marie Claire, l’épouse de Jean François. Il était effectivement en retard à notre rendez-vous de ce matin et n'est pas encore arrivé.

 

Publié dans Pèlerins du monde

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